Que fait un opérateur toute la journée derrière un écran de vidéosurveillance?

L’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France (IAU-IDF) a publié cet automne les résultats d’une étude sur les coulisses du travail de surveillance à distance des opérateurs municipaux. Les dispositifs de vidéosurveillance de deux communes françaises ont été étudiés durant plusieurs mois afin de voir comment les opérateurs qui sont assis derrière les écrans reliés aux caméras de surveillance se sont appropriés cette technologie et comment ils l’utilisent en fonction des missions prescrites.

Première conclusion de l’étude, la surveillance continue est une illusion parce que les opérateurs ne consacrent en réalité qu’une part réduite de leur temps de travail à la surveillance passive (balayage des caméras) ou active (recherche du flagrant délit) et parce que cette part du temps de travail est fortement limitée dans son efficience par des facteurs techniques, météorologiques et humains (relations avec les policiers, l’ennui, etc.). Le nombre d’arrestations ou de constations de flagrant délits n’a pas augmenté de manière marquée.

Deuxièmement, les opérateurs doivent faire continuellement des choix, qu’il s’agisse des images ou écrans à regarder en priorité ou des personnes à suivre avec les caméras. Ces choix s’apparentent à un tri social qui semble plus se baser sur l’âge ou la tenue vestimentaire des individus que sur leurs les comportements suspects. L’étude décrit ces discriminations comme étant la conséquence de l’absence de formation sur la manière de cibler les comportements suspects. L’opérateur est alors réduit à s’en remettre à des impressions, probablement inconscientes, que certains types d’individus sont plus portés à commettre des infractions. Il s’agit d’un élément important qui ne devrait pas être sous-estimé lors de la mise en place ou l’utilisation de tels dispositifs. A noter que selon les constats de cette étude française,  les opérateurs ne sont le plus souvent pas des policiers ou des personnes assermentés et soumises à un code de déontologie, mais des personnes très peu formées.

Finalement l’étude souligne encore le manque de reconnaissance du travail des opérateurs vidéosurveillance ainsi que l’importance de la confiance et de la collaboration entre les opérateurs et les policiers.

L’étude est diposnible intégralement et gratuitement: IAU îdF, Surveiller à distance. Une ethnographie des opérateurs municipaux de vidéosurveillance, septembre 2011.

2 réflexions sur “Que fait un opérateur toute la journée derrière un écran de vidéosurveillance?”

  1. Wegen hohen Kosten und geringer Effizienz der beruflichen Visionierung öffentlicher Kameras wurde auch schon überlegt, diese über Internet für jeden interessierten Bürger verfügbar zu machen.
    Neugier verbunden mit Unterbeschäftigung ist vielleicht der bessere Motivator, und jedenfalls verursacht dieser Weg keine Lohnkosten 😉

    1. En 2006, une chaîne locale de la banlieue de Londres (GB) diffusait en continu des images des caméras de surveillance publiques du quartier de Shoreditch https://web.archive.org/web/20120604064310/http://www.nouvo.ch/110-3.
      Le site https://web.archive.org/web/20171228114329/http://www.interneteyes.co.uk:80/ propose depuis 2009 aux internautes de visionner en direct des images prises par des caméras de surveillance et de dénoncer les crimes et délits qu’ils découvriraient. Celui qui a dénoncé le plus de crimes à la fin du mois reçoit une récompense de GBP 1 000.-. Quant aux commerces et magasins, ils peuvent s’abonner pour que leurs images soient visibles sur le site.
      L’idée n’est pas nouvelle, mais elle pose de sérieux problème au niveau de la sphère privée. Les personnes filmées n’ont évidemment pas donné leur consentement n’y n’ont été averties…

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