La question de la neutralité des réseaux n’a pas suscité de grands débats en Suisse jusqu’à présent, contrairement aux USA ou en Europe. L’Office fédéral de la communication (OFCOM) vient pourtant de rendre un premier rapport.

De quoi s’agit-il ?
Le principe de neutralité du Net est un principe de non-discrimination qui régit le fonctionnement d’Internet depuis son origine: chacun doit avoir accès au même Internet. Cette règle empêche le fournisseur d’accès à Internet (FAI) de sélectionner les contenus auxquels son client peut accéder ou en favoriser certains. Selon ce principe, le FAI ne peut pas limiter la vitesse à laquelle sont transmis les paquets de données sur le réseau ou limiter l’accès à certain sites ou services. Le fournisseur d’accès doit rester neutre et se contenter de mettre à disposition le conduit qui permet d’accéder aux services. Il ne doit pas élargir ce conduit (et augmenter le débit) pour favoriser des sites qu’il soutient (les siens par exemple) ou réduire, voire fermer ce conduit pour les sites qu’il n’aime pas (ses concurrents par exemple). En revanche, le fournisseur peut évidemment limiter de manière neutre le débit maximal ou le volume de données compris dans un abonnement. Mais ce volume de données ne doit pas être réservé à certains sites ou services.

Pas de réponse, mais le début d’une discussion
A ce jour, il n’y a en Suisse guère de règle qui interdit à un FAI de limiter ou dégrader la qualité de certains services. La loi sur les télécommunications ne contient pas d’obligations autres que celle pour le titulaire de la concession de service universel (actuellement Swisscom), d’assurer un service téléphonique public qui inclut la transmission de données faisant appel à des débits compatibles avec les voies de transmission de la parole. Le Conseil fédéral pourrait cependant, par voie d’ordonnance, obliger les fournisseurs à publier des informations précises sur la qualité du service fourni.

Le rapport de l’OFCOM a pour objectif de poser des bases de discussion sur la neutralité des réseaux en Suisse. Il présente le fonctionnement d’Internet, la situation en Suisse et à l’étranger. Il retient que la question de savoir à quel point il est nécessaire et opportun de traiter toutes les données de la même manière est controversée. Certains considèrent qu’il faut laisser les fournisseurs gérer le réseau et définir leurs produits, alors que d’autres demandent un traitement équitable de toutes les données. Le rapport présente les différents arguments et les prises de position adoptées par différents groupes d’intérêts. Le Conseil fédéral donnera son point de vue dans un rapport à venir sur le marché des télécommunications.

Malheureusement, le rapport ne contient pas d’état de la situation actuelle en Suisse. Des indications chiffrées sont toutefois données globalement pour 32 pays européens (dont la Suisse). Il en ressort que la majorité des FAI ne prennent pas de mesures d’exclusion ou de limitation de certains services (notamment P2P ou VoIP). Ces limitations ou restrictions touchent toutefois plus de 20% des abonnés lors de l’utilisation de connections paires-à-paires (P2P) dépassent le 20% sur les réseaux fixes et 27% sur les réseaux mobiles. Près d’un utilisateur sur deux subit également des restrictions à l’utilisation de la téléphonie sur IP (VoIP) au moyen de son abonnement mobile.

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